C’est entre deux croquettes de chez McDo, à Roberval, dans une vieille Mustang décapotable blanche, à cinq ans, que j’ai appris que je passais. « Passer », pour ceux qui connaissent pas le terme, c’est blender dans une société majoritaire, c’est passer blanche. Pendant vingt ans je me suis demandé ça voulait dire quoi, passer. Vingt ans à me demander j’étais qui, moi. À cinq ans, ce que j’aurais aimé entendre, c’est quelque chose comme : « Sois fièr·e d’être ilnu, de tes racines. » Akuteu : « suspendu », en langue innue. Filant la métaphore de la carcasse de l’animal que l’on suspend, Soleil Launière raconte le vertige d’être en perpétuelle suspension, entre la fierté et la honte, entre les mondes du visible et de l’invisible. Est-il légitime?de prendre la parole au nom des siens? Comment démêler l’inextricable nœud dont est faite l’identité?
Pekuakamilnu originaire de Mashteuiatsh, Soleil Launière est comédienne, metteure en scène et artiste multidisciplinaire. Elle vit et œuvre aujourd’hui à Tiohtià:ke – Mooniyang (Montréal).