« Vent fort initie quelque chose de nouveau, de différent. Bien sûr, il y a des échos avec Je suis le vent, avec Quelqu’un va venir. Je reviens à quelque chose déjà exploré, mais différemment. Je n’avais jamais écrit comme ça. Je dirais que c’est un rêve que j’ai mis sur le papier, avec une dimension cauchemardesque. Ces forces cachées qui nous habitent. Il y a des forces étrangères dans cette pièce, des forces qui peuvent s’éveiller au plateau. » (Écrire c’est écouter, entretiens avec Gabriel Dufay, novembre 2023, L’Arche).?Après avoir arrêté d’écrire du théâtre pour se consacrer à la Septologie, son roman-fleuve, Jon Fosse revient dix ans plus tard à la forme dialoguée et percée de silences qui lui est si chère. Écrit en 2021, Vent fort est traversé de trois voix qui se répondent sans toujours s’entendre. Comme surgi du passé, L’Homme rentre chez lui, de retour de voyage. La Femme a déménagé dans un nouvel appartement. Ils se retrouvent lorsqu’apparaît Le Jeune Homme, qui semble vivre ici avec La Femme. L’Homme les voit s’étreindre, veut chasser le Jeune Homme de chez lui. Mais qui habite réellement ici? Vivent-ils dans la même temporalité? Dans leur appartement au quatorzième étage, le vent souffle et la fenêtre se décroche et lentement tombe dans le vide. Vent fort est un poème sur la tentation du suicide, toujours en filigrane; mais aussi sur l'amour, la solitude, la complexité du sentiment amoureux. Surtout, c'est un poème sur le temps qui passe, la présence, obsédante, quasi fantomatique, au-delà de la disparition.